Vous n'êtes pas à bord d'un paquebot mais bien dans une maison de la région parisienne entourée d'un écrin de verdure.
Le premier indice pour nous repérer nous est donné par ce bassin.
Un second indice avec cette statue.
Ces sangliers prêts à se désaltérer sont l'œuvre du sculpteur animalier Georges Lucien Guyot.
Ces sangliers contemplent une magnifique demeure depuis 1938. Elle a été construite par l'architecte décorateur Pierre Petit. Son premier propriétaire s'en servait de relai de chasse.
Cette maison avec fronton décoré d’Europe du Nord, agencée en hauteur, au toit pentu, possède une ossature bien affirmée en façade. Les étages vigoureusement séparés par des encorbellements prononcés, avec des éléments décoratifs multiples jouant sur la couleur des revêtements, est alors anachronique en 1938.
La façade latérale reprend le principe des fenêtres bandeaux. On admire le savant étagement des volumes. Une très grande place, sur deux niveaux, est dévolue au hall d’entrée surmonté du fronton étagé.
Plus près on perçoit mieux le raffinement et l’originalité du traitement de la façade. L’architecte a joué sur tous les palettes possibles : retraits divers, piliers ronds, obliques de l’escalier, ferronnerie, couleurs variées des revêtements.
La baie du 1er étage est coiffée d'un original fronton sculpté.
Dans un environnement de feuilles de chêne et de fougères, survolant les bois d'un grand cerf, on distingue un faucon, une oie et un pigeon.
Tout n’est pas anachronique. Les pavés de verre sont utilisés autour de la porte d’entrée, le garde-corps en bastingage bleu du second, les larges fenêtres en long, la rotonde du rez-de-chaussée sont des éléments d’architecture plus contemporaine utilisés par les architectes modernistes.
Cette photo met bien en évidence l’intelligence et le raffinement de la conception de cette maison. Tout est en contrastes savants entre les avancées des terrasses et auvent et les retraits, la géométrie rigoureuse et les courbes privilégiées de ce côté. Les contrastes des couleurs des matériaux, les gardes-corps de dessins différents.
Une pergola apportant une ombre estivale permettant d'admirer le chef d'œuvre de Pierre Petit.
Toujours le raffinement de la conception avec cet espèce d’arc boutant à droite, juste décoratif, qui permet d’équilibrer la silhouette.
Au rez-de-chaussée, l’avancée du volume avec œil-de-boeuf, correspond à l’originale pièce conviviale de réception pour les chasseurs.
Cette façade est l’exact inverse de la façade simple et lisse et blanche de rigueur en cette fin des années 30.
C’est un magnifique contrepoint toujours Art Déco aux réalisations contemporaines de Mallet-Stevens, Patout et Le Corbusier dans leur style international triomphant dans les années 30, et qui prône le « nudisme ».
Par la vigueur de son ordonnancement, elle semble encore inspirée par Frank Lloyd Wright.
Ce petit bijou d'architecture n'a pas subi de dégradation depuis sa construction. Il en est de même à l'intérieur. En y pénétrant, préparez-vous à de nombreuses surprises décoratives !