En 1931, la la ville de Bordeaux rachète le premier stade d'Alfred-Duprat. Sous l'impulsion du maire Adrien Marquet qui veut moderniser sa ville, un nouveau stade sera construit et inauguré en 1938.
Pour y accéder, l'architecte Raoul Jourde placera un signal visible dans l'axe des boulevards.
Cette entrée de la rue de la Côte d'Argent deviendra l'entrée Maurice-Martin.
Raoul Jourde aurait pris modèle sur le bouchon d'une des ses voitures, une Voisin de 1930, pour dessiner ce signal.
Une autre entrée se trouve place Johston à mi-parcours de l'avenue du parc de Lescure. C'est l'architecte-ingénieur Jacques d'Wells qui fut chargé de cette entrée.
Avec ces lames de béton dressées côte à côte, ce signal est une variation du signal de Jourde avenue Maurice-Martin.
D'Wells utilisera des croisillons pour lier les parallèles qui montent au ciel.
Ce signal domine le lotissement Art Déco construit entre les deux guerres.
Derrière le signal, une entrée donne accès aux tribunes.
Autre entrée monumentale créée par J. d'Welles, après avoir repris le chantier à Jourde. Elle donnait sur le boulevard Antoine Gautier devenu boulevard du maréchal Leclerc.
Le Parc Lescure est inauguré pour la coupe du monde de football en 1938. Les Brésiliens "ont mis le feu" sur le terrain et dans les tribunes.
On retrouve le même motif de croix que pour l'entrée place Johnston.
L'arc monumental franchi, les spectateurs arrivent dans la cour d'honneur où d'Wells a marqué son style.
Des vases giganstesques en mosaïque font allusion à l'Antiquité. Ils séparent les plaques commémoratives.
Ces athlètes nus se retrouvent sur 4 vases placés sur les côtés de la cour afin de ne pas gêner l'entrée des spectateurs.
Ces vases du céramiste René Buthaud datent de 1937.
D'Wells oublia de graver le nom de Jourde, père du stade, sur la plaque commémorative en bronze.
Les courbes des passages dans les tribunes captent parfaitement le soleil.
Les 2 tribunes fermées par la suite afin de protéger les journalistes ou pour faire des loges pour les partenaires du club.
Inutile de prendre l'un des escaliers vénitiens dessinés par d'Wells pour aller à l'hôpital Pellegrin tout proche, vous n'y arriverez pas comme ça !
Jourde a beaucoup utilisé les courbes pour son stade.
Pas de décoration pour Jourde, juste un travail sur les formes avec quand même les descentes d'eaux pluviales sous forme de pseudo-piliers en zinc.
Beauté des formes, même les béquilles participent à l'esthétique et à la mise en scène.
Sortie avenue Maurice-Martin.
Un signal visible aussi depuis l'intérieur du stade.
Que ce soit la cabine de chronométrage à gauche ou le signal à droite, Jourde montre son style résolument moderniste.
La rénovation des virages en 1986 par l'architecte Guy Dupuis n'a pas modifié l'esthétique du stade. Le stade est passé alors de 24 000 à 40 000 places grâce aux deux virages créés de 12 500 places.
Exercice d'architecture pour rattraper les différences de hauteur des voûtes du virage avec celles de la tribune. Cette forme arrondie pour la guérite était très utilisée par les architectes de l'époque.
Ces guérites de chronométrage pour les courses cyclistes n'ont jamais vraiment servi car elles n'étaient pas placées au bon endroit.
L'ingénieur italien Dabbeni a imposé à Jourde, des raidisseurs à intervalles réguliers entre les voutains réduits de moitié en largeur.
Les gradins d'origine étaient entièrement couverts et sans pilier ce qui était une première mondiale. La portée des voûtes est de 29 m pour les tribunes.
Pour réaliser ces voutains, il a fallu utilser la technique du voile de béton maîtrisé par les Italiens. C'est du béton injecté de force par air comprimé dans un caisson étanche.
L'Union Bègles-Bordeaux devient le club résident du stade à partir de juin 2015, lorsque les Girondins de Bordeaux déménagent au nouveau stade de Bordeaux dans le quartier du Lac.
Pas de spectateurs aujourd'hui mais...
un jardinier refait le marquage c'est bon signe...
les poteaux de rugby sont en place.
Les amateurs de ballon ovale arrivent petit à petit. Les 34 694 places assises ne seront pas utilisées aujourd'hui mais le public bordelais est un des plus assidus d'Europe.
Encourager son équipe dans un des derniers stades de style moderniste existant, les spectateurs ne s'en soucient guère. Mais s'ils reviennent toujours aussi nombreux c'est peut-être parce qu'ils sont attirés par la beauté de ce stade.
Ce stade a accueilli trois mondiaux ; 2 de football en 1938 et 1998 et un de rugby en 2007.
En 2011, le stade de Lescure prit le nom de Chaban-Delmas en hommage à l'ancien maire sportif de Bordeaux , maire de 1947 à 1995.
Allez l'UBB !