Bienvenue au Verdon-sur-Mer en Gironde. Vous êtes à port Bloc le plus ancien port du Verdon. C'est de là que l'on prend le bac pour aller à Royan de l'autre côté de l'estuaire.
Ici c'est la pointe de Grave, point de départ d'un cordon dunaire de 250 km appelé "Côte d'Argent".
La pointe de Saint-Nicolas s'avance davantage chaque année dans l'océan grâce à un dépôt de sable déposé par le courant côtier.
Cette presqu'île a été façonnée d'un côté par l'océan Atlantique et de l'autre par les eaux de l'estuaire de la Gironde.
Au sommet de la dune surplombant de décor unique, une présence humaine m'a intrigué.
Pourquoi deux personnes passent-elles leur journée à admirer le panorama et les passages du bac Le-Verdon-Royan ?
C'est au lever du soleil sur le sol charentais que je décidais moi aussi d'occuper les lieux en haut de la dune girondine.
C'est d'abord Adrien de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (association locale Aquitaine) qui arrive chargé de matériel.
Du 1er mars à fin mai, il découvre ce panorama grandiose mais changeant.
Il n'est pas tout seul. Guillaume est là lui aussi. Ils forment à eux deux l'équipe chargée de compter les oiseaux migrateurs.
Tous les matins c'est le même rituel : installation de la longue-vue sur son trépied avec jumelles autour du cou.
Le début de la matinée est calme. Peu de passages d'oiseaux.
Côté terre, on aperçoit le sommet du phare de Grave et l'antenne du sémaphore de la Marine nationale.
Au loin, le phare de Cordouan montre sa présence depuis 4 siècles.
Guillaume et Adrien sont en permanence sur le qui-vive.
Un premier vol de hérons garde-bœufs s'engage au-dessus de l'estuaire. Il faudra vérifier qu'il passe réellement de l'autre côté en terre charentaise pour pouvoir les comptabiliser.
Deux chardonnerets élégants vont tenter l'aventure.
Une première tourterelle turque s'engage...
puis deux sur fond de mer.
Côté port du Verdon, c'est un petit passage de tourterelles des bois qu'il ne faudra pas oublier.
Les tourterelles turques peuvent se mélanger aux tourterelles des bois pour franchir l'estuaire.
Chacun compte l'espèce choisie.
Les tourterelles ne sont pas téméraires. A la moindre difficulté, elles peuvent faire demi-tour.
Malignes, elles passent près de la dune à l'abri du vent. Pourtant au bout, il faudra affronter la difficulté.
Les tourterelles des bois s'engagent pour la traversée de l'estuaire.
Quand le vent est nord-est, il ne réchauffe pas les "spotters" de la Ligue de Protection des Oiseaux d'Aquitaine, mais c'est un vent favorable à la migration.
Dans chaque main, Adrien a un compteur manuel afin de dénombrer les tourterelles turques et celles des bois.
Derrière sa longue-vue, Guillaume vérifie si le vol va bien franchir l'estuaire.
Des tourterelles des bois passant côté terre.
Ce promeneur sur la plage du Verdon ne se doute pas de ce qui est en train de se passer en haut de la dune...
Si l'équipe de la LPO connaît les espèces les plus nombreuses comme ici le martinet, elle ne sait jamais à l'avance si elles seront nombreuses.
Les martinets ce jour-là sont arrivés dans un flux continuel en alternance avec les hirondelles et les tourterelles.
Le martinet noir est l'espèce de martinet la plus répandue en Europe. Il est capable de rester en vol pendant très longtemps.
Devant ces milliers d'oiseaux qui passent juste au-dessus du lieu d'observation, on ne peut qu'éprouver de l'étonnement et de l'admiration.
Le vol peut passer assez haut...
ou bien frôler le lieu d'observation.
Les jumelles servent à repérer les oiseaux en vol, la longue-vue pour confirmer les espèces souvent lointaines qui passent près du phare de Cordouan ou sur la Gironde.
Vol d'aigrettes garzettes... faciles à compter !
La tourterelle des bois a le ventre clair et le dessous des ailes gris.
Il vaut mieux anticiper l'arrivée des migrateurs. Les jumelles servent souvent au cours de la longue journée d'observation.
Tous les martinets doivent être comptés, qu'ils passent isolément ou groupés.
Un vol aussi dense et qui revient vers la pointe, c'est un vol de tourterelles. Les martinets sont plus espacés, on parle alors de flux de martinets.
Le martinet peut atteindre une vitesse de 60m/s ! Il chasse sans relâche les insectes en vol. Il peut même s'y accoupler.
Observation, comptage et relevé des différentes espèces d'oiseaux.
Ce jour-là, les compteurs manuels pour le martinet seront plusieurs fois remis à zéro.
A chaque heure, il faut relever la vitesse et la direction du vent.
Il faut aussi relever tous les compteurs manuels...
Ne pas oublier de rentrer les données sur la tablette ou sur une feuille de papier quand celle-ci est défaillante.
Le rôle des observateurs est aussi d'informer le public qui vient poser de nombreuses questions sur leur travail et sur les oiseaux.
Par temps de pluie mieux vaut être équipé. Mais l'observation continue quel que soit le temps du 1er mars à fin mai et ce chaque année depuis 30 ans !
Même les bateaux ne les détournent pas de leur tâche !
Parfois la journée est plus longue quand il y a peu d'espèces qui migrent.
Heureusement de nombreux bénévoles viennent épauler l'équipe de la LPO.
Un observateur peut signaler au "compteur" d'où arrive le vol ou l'oiseau isolé. Ici par exemple le vol de milans noirs est à gauche de l'antenne.
De temps en temps, on peut admirer de près un oiseau posé. Ici un pinson des arbres...
Là un chardonneret élégant...
On est très heureux quand passe le milan royal.
Même s'ils sont là pour les oiseaux, les spotters apprécient (ou pas) les changements de temps au fil de la journée !
Vol de goélands.
La journée s'achèvera avec le coucher du soleil soit à peu près 13 h d'observation et ceci pendant 3 mois.
Il est temps de rentrer vers le lieu d'hébergement afin de rentrer les données de la journée pour Adrien...
mais Guillaume restera jusqu'au coucher du soleil puis...
il faudra plier la banderole de la LPO..
et rejoindre son collègue avec son matériel sur le dos...
Au loin le phare de Cordouan restera seul comme d'habitude !
Rentrer les données de toutes les espèces d'oiseaux observées dans la journée... une tâche facile avec l'ordinateur !
Jour exceptionnel avec près de 60 000 martinets et 14 000 hirondelles comptés. Sur le site Migraction.net on peut chaque jour visualiser les espèces d'oiseaux comptées ainsi que leur effectif.
Au dernier jour de comptage, on pouvait lire sur le site Migraction.net que 160 espèces avaient survolé de jour la pointe de Grave soit 459 000 oiseaux . Mais la migration nocturne est beaucoup plus importante encore. C'est par millions que les oiseaux migrent dans la région !