Au pied d'un escalier magnifique, on devine une décoration moderne pour l'époque.
Il suffit de lever la tête pour admirer les lustres géants en cuivre. Le maire Jean Marquet ayant souhaité un bâtiment simple et peu honéreux, c'est du plexiglas qui remplace le verre.
La décoration de la rampe d'escalier est faite de cuivre et de boules de verre, matériaux rappelant les technologies de l'époque (conducteur et isolant EDF).
Avant de rentrer dans l'immense salle Ambroise Croizat...
un palier s'ouvre sur les deux foyers du théâtre.
Ici le foyer sud dont les fresques ont pour thème le vin et les pins des Landes.
Les fresques ont été faites sur mortier qui était mis en place au fur et à mesure des besoins de l'artiste peintre. Cette intensité dans les couleurs vient des nombreuses couches passées pour nourrir l'enduit.
Dans les deux foyers la fermeture des arches en demi-cercle par des portes-miroirs, créent des jeux de reflets et de perspective.
La fresque "des pins des Landes" voisine avec celle en l'honneur du vin.
C'est François-Maurice Ragueneau, directeur de l'école des Beaux-Arts de Bordeaux qui a dirigé les travaux de décoration. Tout le réalisme du peintre se voit dans les scènes de personnages typiquement régionaux qui s'activent, sur un air d'accordéon, à fabriquer le vin. La reine allégorique du vin a l'air d'apprécier.
Deux hommes foulant le raisin n'oublient pas de boire...
Scène de fête populaire autour du vin.
Sur la fresque "des pins des Landes", Pierre-Albert Begaud, professeur à l'école des Beaux-Arts a peint au centre du tableau, un nu viril se dressant au milieu des fougères. Il tient dans sa main une pomme de pin. Derrière lui passent deux figurines symbolisant le vent, sans oublier les palombes, les oies et le maïs pour les gaver...
...une maternité offrant son sein à deux nourrissons.
Au pied des pins, une femme blonde, muse inspirée par les Landes, réunit près d'elle les richesses traditionnelles de la forêt : bécasses, lièvres, cèpes et brebis.
Un attelage tirant du bois coupé, le chien de chasse, un enfant portant une branche de pin en fanion.
Une vieille femme gemmant les pins.
"Les âges de la vie"
Selon le moment de la journée, la verrière à l'est, filtre la lumière ne donnant pas le même éclat aux fresques.
Pour ce magnifique escalier, l'architecte a imposé les matériaux modernes que sont le verre et l'acier.
Dans le foyer nord, les fresques sont aussi peintes directement sur les 23 m2 de mortier. "A la gloire du port de Bordeaux" par Camille de Buzon. Un nu féminin tient au-dessus de sa tête un vaisseau. A ses pieds, comme deux sœurs, la ville de Bordeaux et la Garonne.
Un Africain agenouillé montre des animaux exotiques tandis qu'une Antillaise porte un régime de bananes.
Un mélange moderne et de mythes antiques pour affirmer la renommée de la ville, son activité commerciale et artistique...
Sur le mur nord "A la gloire de l'architecture bordelaise" par André Caverne. Trois séries de personnages en définissent les grandes périodes (deux sur cette photo). De part et d'autre du personnage central, se tiennent Montesquieu et Tourny (à sa droite) et Gabriel et Louis (à sa gauche).
Derrière Gabriel et Victor Louis, se dressent la porte Dijeaux, Le Grand Théâtre et l'hôtel Cirot.
La porte de Bourgogne et la place de la Bourse à l'arrière de Montesquieu et Tourny.
Trois ouvriers contemporains travaillent devant les monuments de leur temps
Là, ce sont trois ouvriers du Moyen Âge qui s'affairent.
En hommage à l'homme politique et à l'ancien secrétaire de la CGT Ambroise Croizat.
Pénétrons dans la grande salle Ambroise Croizat, amphithéâtre classique de 1300 places, autrefois rempli de fauteuils rouges.
La présence des préfrafriqués des différents syndicats tempère notre émotion. Ils ont été délogés des 4e et 3e étages par suite de l'effondrement du plafond.
En 2014, les préfabriqués ont disparu. La salle va peu à peu retouver son espace d'origine.
Les lignes régulières du plafond amènent le regard vers la scène.
La fresque de Jean Dupas au-dessus de la scène est "à la gloire de Bordeaux". Symboles modernes et mythiques se mélangent pour proclamer la renommée de la ville.
Le cuivre est présent dans les lumières.
Le faisceau du licteur lié par trois fois, coiffé du bonnet phrygien.
Le mur nord contraste avec la fresque colorée centrale. Neptune et une femme géante dans la grisaille ainsi que tous les noms d'humanistes inscrits partout.
Ces humanistes ont concouru à l'évolution des idées, de l'histoire, de l'art, de la science
Dans cette immense salle, il suffit de se retourner pour constater au plafond du balcon les infiltrations.
Reprenons la grande entrée pour atteindre ce balcon où une surprise nous attend.
Le mur rouge est seulement décoré d'une magnifique pendule art déco. Ce mur est aussi percé de petites ouvertures . Mais à quoi donc peuvent-elles bien servir ?
Depuis le balcon la salle paraît immense, on l'imagine remplie de spectateurs dans leur fauteuil rouge.
Voilà le pourquoi des ouvertures : une salle de cinéma !
On se croirait dans la salle de projection de "Cinéma Paradiso" !
Le péristyle et ses voûtes magistrales.
Un sol aux dessins géométriques...
Un éclairage indirect derrière ces boules de verre.
Il faut lever la tête pour lire trois déclarations de plus en plus d'actualité sous le portrait de leur auteur tous socialistes : Proudhon, Fourier et Jaurès.
A travers les ouvertures stylisées du péristyle, un coin de ciel bleu contraste avec la grisaille de la cour intérieure qui doit être, elle aussi, repensée.